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des petits désirs. On les servait au jour le jour, leurs faveurs étaient quotidiennes et leur commerce familier. Les suppliantes exaucées déposaient sur eux de simples fleurs ; celles qui n’étaient pas contentes les souillaient de leurs excréments. Ils n’étaient ni consacrés ni entretenus par les prêtres, et par conséquent leur profanation était irrépréhensible.


Tout autre était la discipline du Temple.

Le Temple, le Grand-Temple de la Grande Déesse, le lieu le plus saint de toute l’Égypte, l’inviolable Astarteïon, était un édifice colossal de trois cent trente-six pieds de longueur, élevé sur dix-sept marches au sommet des jardins. Ses portes d’or étaient gardées par douze hiérodules hermaphrodites, symbole des deux objets de l’amour et des douze heures de la nuit…

L’entrée n’était pas tournée vers l’Orient, mais dans la direction de Paphos, c’est-à-dire vers le nord-ouest ; jamais les rayons du soleil ne pénétraient directement dans le sanctuaire de la grande Immortelle nocturne. Quatre-vingt-six colonnes soutenaient l’architrave ; elles étaient teintes de pourpre jusqu’à mi-taille, et toute la partie supérieure se dégageait de ces vêtements rouges avec une blancheur ineffable, comme des torses de femmes debout.

Entre l’épistyle et la corônis, le long zoophore