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II


La nuit montait à l’ouest comme une vapeur bleue. Il n’y avait pas de lune. Les étoiles paraissaient faiblement, ici et là, en gouttelettes. La mer était devenue si calme qu’elle reflétait la lueur la plus indécise, et le petit bateau semblait suspendu au centre d’une sphère céleste.

Pourtant ce miroir se troubla, et si Danaë n’eût dormi, elle eût sans doute frémi d’effroi : une main était sortie de l’eau.

Cette main n’était pas semblable à celles des femmes de la terre, car elle était bleue au dehors, et la paume était de couleur d’or, comme si elle avait caressé le soleil plongé sous la mer.

La main s’éleva, saisit le rebord du bateau ; le bras tout entier apparut, et bientôt flottèrent sur l’eau les premières boucles d’une chevelure verte, puis les yeux mouillés et la bouche et le corps luisant émergèrent. Et c’était Phérousa aux joues douces, l’une des divines Néréides.