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— N’as-tu pas entendu les paroles du Fleuve ? Il ne faut jamais expliquer les symboles. Il ne faut jamais les pénétrer. Ayez confiance. Ah ! ne doutez pas. Celui qui a figuré le symbole y a caché une vérité, mais il ne faut pas qu’il la manifeste, ou alors pourquoi la symboliser ?

» Il ne faut pas déchirer les Formes, car elles ne cachent que l’Invisible. Nous savons qu’il y a dans ces arbres d’adorables nymphes enfermées, et pourtant quand le bûcheron les ouvre, l’hamadryade est déjà morte. Nous savons qu’il y a derrière nous des satyres dansants et des nudités divines, mais il ne faut pas nous retourner : tout aurait déjà disparu.

» C’est le reflet onduleux des sources qui est la vérité de la naïade. C’est le bouc debout au milieu des chèvres qui est la vérité du satyre. C’est l’une ou l’autre de vous toutes qui est la vérité d’Aphrodite. Mais il ne faut pas le dire, il ne faut pas le savoir, il ne faut pas chercher à l’apprendre. Telle est la condition de l’amour et de la joie. C’est à la louange des bienheureuses ténèbres. »