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LES FILLES DU DIEU


À André Walckenaer.


Elles avaient piqué des lotus dans leurs boucles
Et mouillé leurs cheveux avec des parfums lourds
Leurs flancs souples roulaient des houles de velours
Leurs longs yeux palpitaient comme des escarboucles.

Des couleuvres d’argent tournaient sur leurs bras nus
Des colliers descendaient sur leurs mamelles grises
Leurs souffles délicats erraient comme des brises
Dans leurs voix tristes et leurs rires ingénus.

Et les rougeurs des fleurs sur leurs boucles nocturnes
Tremblaient avec des somnolences taciturnes
Au bout de leurs doigts blancs ongulés de carmin

Et les sourds tapis bleus déroulaient le chemin
Où les filles du dieu sur des fleurs de verveines
Se charmaient l’une l’autre au cours des heures vaines.