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folk-loristes, M. Pineau, collabora[1]. Mais ces études n’ont pas dépassé le cercle restreint des hellénistes et nos curiosités d’aujourd’hui leur donnent inopinément un intérêt général qu’elles ne prétendaient pas éveiller.

L’heure est venue de leur demander une causerie familière sur la vie intime de ces paisibles gens auxquels nos cuirassés vont rendre visite avec le cérémonial de la guerre.


Lesbos, île séparée de l’Asie par la mer éclatante de l’Archipel bleu, est encore habitée par une peuplade grecque, de mœurs à demi orientales, comme au temps où les Lydiens lui envoyaient leurs étoffes de soie et passaient dans ses ports en faisant voile vers Athènes. La vie, de nos jours, y est peut-être plus modeste, plus secrète et plus retirée, mais elle a gardé ce caractère de paix tranquille, de bonheur naïf et doux, que Longus lui donnait il y a deux mille ans et que les voyageurs contemporains ont retrouvé intact dans l’âme de son peuple.

Une montagne de marbre blanc, un Olympe devenu Saint-Elie, que l’hiver couvre parfois d’une neige éblouissante ; quelques collines rocheuses ; des golfes d’azur sombre, unis comme

  1. G. Georgeakis et Léon Pineau Le Folk Lore de Lesbos, Paris 1894, in-12.