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style gothique, depuis qu’on a élagué autour d’elle la futaie de vieilles maisons qui lui donnait la vie. Quelques artistes ont voulu sauver le peu qui demeurait encore du Paris spontané, personnel et survivant.

Eh bien ! ce trésor des villes, le quartier antique ou moderne où elles ont poussé selon leur destin ou selon leur génie, voilà ce que les guides n’indiquent point et ce que les touristes n’ont pas tous le loisir de chercher eux-mêmes. On pousse le voyageur vers un but unique : le monument, toujours le monument. Peu importe aux Joanne et aux Baedeker que telle église soit à sa place ou qu’elle semble dépaysée : il suffit qu’elle soit monumentale pour qu’on vous y conduise de force. Peu leur importe que tel quartier populaire et jardinier soit pour le passant qui le traverse un paradis d’émotions neuves, de surprises, presque d’amour : s’il n’a point d’architecture, personne ne daignera vous l’indiquer du doigt. C’est ainsi qu’on entend un voyage artistique au début de notre jeune siècle.

Nous possédons ici même, en plein Paris, un hameau à peu près inconnu malgré son nom illustre, et qui est la Butte. Les guides, si vous les consultez, vous mèneront au Sacré-Cœur avec les explications que comporte une pareille visite. Ils vous diront aussi qu’on appelle « Montmartre » dans la conversation courante un boulevard exté-