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de l’orthographe les hante, et avec eux, les universitaires. Puisque d’un accord général on reconnaît qu’elle fait perdre aux petits écoliers un temps qui pourrait être mieux employé à d’autres études, supprimez la dictée des examens primaires. La réforme aura contre elle quelques maniaques, mais la France entière l’approuvera.


On invoque une deuxième raison : avec une orthographe simplifiée, notre langue serait plus facilement apprise par les étrangers. Je viens de dire comment les étrangers ne l’apprendraient plus du tout, si facile qu’elle fût. Terminons : il faut répondre à cet argument, non par une théorie, mais par un exemple. — L’orthographe la plus simple et la plus logique du monde est celle de l’italien. La plus compliquée, la plus irrégulière, la plus contraire à toutes les lois de ce qu’on pourrait appeler la phonétique internationale de l’Europe, n’est-ce pas celle de l’anglais ?

Or, l’anglais, sans changer une lettre à son orthographe classique, est parlé aujourd’hui par 180.000.000 d’hommes, dont 150.000.000 gagnés depuis un siècle. L’italien n’est parlé nulle part en dehors de la Méditerranée, et là même il perd du terrain ; il en perd en Égypte, il en perd dans le Levant, il en perd en Provence. Jadis compris par tous les lettrés de France, l’italien nous est devenu inutile. Et à quoi lui sert la simpli-