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Un peu moins libérale que l’Écosse et la plupart des États-Unis, l’Angleterre a donné, vers 1836, quelques formes obligatoires à l’union légale, mais avec quelle réserve encore, et quelle largeur de vues.

À quatorze ans, un petit Anglais peut épouser sa meilleure amie qui en a douze. La loi n’y voit aucun inconvénient, et si les pères de ces enfants croient devoir protester, ne croyez pas qu’il leur suffise de prononcer un simple veto, comme en France. On leur demande leurs motifs ; on les interroge, au besoin, devant les tribunaux, où les enfants ont le droit d’attaquer le refus mal justifié qui les sépare. Ceci se passe tous les jours à Londres, à Melbourne, à Bombay et à Liverpool, cités qui ne paraissent pas encore en décadence, et où le sentiment filial est aussi développé, dit-on, qu’à Montmartre ou à La Villette. La loi anglaise n’a jamais pensé que ce fût porter atteinte à aucune institution que de discuter la volonté d’un père le jour où son fils veut, à son tour, fonder une famille nouvelle


Car c’est là le nœud de la question.

Quel est le parangon de la famille française ?

— La famille antique : réunion de familles groupées sous la main d’un Aïeul.

Et la famille antique n’est plus.

Nous ne sommes plus au temps où la descen-