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ne verrais plus Pamphilos. Toi-même regarde-la d’abord, regarde sa figure et ses yeux, de peur que cela ne t’attriste un jour d’avoir une femme avec des yeux tout à fait glauques et qui louchent en regardant l’un vers l’autre…

Tu as vu Pheidôn, le père de la fiancée ; regarde la face de celui-là, tu n’auras plus besoin de voir sa fille.

pamphilos

Mais tu divagues, Myrtion ! vais-je t’entendre longtemps parler de ces filles et mariages pilotiers ? Est-ce que je sais si elle est camuse ou belle, la mariée ? ou si Pheidôn l’Alôpékêthe (car c’est de lui que tu veux parler, je crois), a une fille nubile ! Même il n’est guère l’ami de mon père. Je me souviens qu’ils ont plaidé dernièrement pour une affaire de navigation. C’est un talent, je crois, qu’il devait payer à mon père et il ne voulait pas, mais mon père l’a cité devant les juges maritimes, et il a eu assez de peine à le faire céder ; il m’a même dit que tout n’avait pas été payé. Si je voulais me marier, aurai-je refusé la fille de ce Déméa qui l’année dernière a été stratège (elle qui est ma cousine germaine par ma mère), pour épouser la fille de Pheidôn ? Mais de qui tiens-tu cela ? Ou toi-même, ô Myrtion, as-tu inventé ces vaines, ces chimériques jalousies ?