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et suivis de l’inévitable cortège des tigres et des singes ; la vie pastorale reprendra pied ici, jusqu’aux pluies prochaines.

Tous ces grands arbres, immergés jusqu’à la naissance des branches, simulent dans l’obscurité nos chênes ou nos hêtres ; on dirait un pays inondé de nos climats, s’il n’y avait cette chaleur lourde, ces excès de senteurs, ces excès de bruissements partout, cette pléthore de sève et de vie. Le ciel s’est de nouveau rempli de nuées d’orage et l’air redevient accablant. Nuit sans étoiles et sans lune. Dans cette zone, point de silhouettes de palmes. Les énormes touffes noires, qui se suivent en procession indéfinie sur notre passage, rappellent les cimes de nos arbres, bien qu’elles soient d’essences inconnues ; on