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limite des eaux plus profondes, où la végétation perdrait pied.

Trente lieues, quarante lieues de forêt noyée défilent ainsi, tant que dure notre course paisible vers le Nord. Zone immense, inutilisable en cette saison pour l’homme, mais réservoir prodigieux de vie animale ; ombrages pleins d’embûches de guets-apens, de griffes, de becs féroces, de petites dents venimeuses, de petits dards aiguisés pour les piqûres mortelles. Des ramures plient sous le poids des graves marabouts au repos ; des arbres sont si chargés de pélicans que, de loin, on les croirait tout fleuris de grandes fleurs pâlement roses.

Aux instants où nous naviguons en frôlant presque cette forêt au vert éternel,