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et sortent à peine du fouillis vert pour ne plonger qu’à moitié dans l’eau ; presque l’on s’imaginerait voir les chrysalides d’où naissent ces bonshommes jaunes : sortes de vers, de mites, qui rongent ici l’admirable revêtement des plaines. Et, en plus de tant de pièges tendus, il y a les innombrables oiseaux pêcheurs, aux longues pattes, au long cou, au long bec cruel toujours prêt à saisir. Hommes et échassiers guettent ces myriades de vies silencieuses, rudimentaires, qui passent dans le fleuve ; de toute antiquité leur chair s’est nourrie de la chair plus froide des poissons.

Plus d’une fois mon pilote s’égare, dans la monotonie de ses rives sans cesse pareilles ; il s’engage dans des petits