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palétuviers, des bambous, des joncs, serrés les uns aux autres en masse compacte et sans fin. À première vue, on croirait qu’il est inhabité, ce pays ; à mieux regarder, cependant, on s’aperçoit combien son opulent manteau vert est déjà sournoisement travaillé en dessous par le microbe humain. De distance en distance, des espèces de foulées, comme en tracent les fauves, débouchent de dessous bois et vont au fleuve ; c’est elles qui dénoncent d’abord la présence des villages ; quand on passe tout auprès, des puanteurs animales viennent se mêler aux senteurs des plantes ; de pauvres cabanes se révèlent, blotties parmi les branches, et des hommes apparaissent, bien humbles et comme négligeables sous l’éternelle verdure sou-