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consumer ici une ou deux des plus belles années de leur vie ! Peut-être y laisseront-ils de ces métis, qui peu à peu infiltrent le sang français à cette inassimilable race jaune : ensuite ils rentreront chez eux, anémiés pour longtemps par ce climat ; ou bien n’y rentreront pas, mais s’en iront dormir avec des milliers d’autres dans la terre rouge de ces cimetières, — qui sont inquiétants d’être si vastes et si envahis d’herbes folles…

La mouche à vapeur appareille dès que je suis à bord ; nous commençons à remonter le Mékong, suivant de près les rives où les arbres tendent comme un rideau intensément noir, et où les lucioles continuent leur danse d’étincelles. Avant d’atteindre la lisière des forêts du Siam,