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LXIX


Le lendemain, je m’éveillai au petit jour, entendant un bruit cadencé dont mon oreille s’était déshabituée : le tisserand voisin, commençant déjà, dès l’aube, le va-et-vient de ses métiers centenaires !… Alors, la première minute d’indécision une fois passée, je me rappelai avec une joie débordante que je venais d’arriver chez l’oncle du Midi ; que c’était le matin du premier jour ; que j’avais en perspective tout un été de grand air et de libre fantaisie : août et tout septembre, deux de ces mois, qui me passent à présent comme des jours, mais qui me semblaient alors avoir de très respectables durées… Avec ivresse, au sortir d’un bon sommeil, je repris conscience de moi-même et des réalités de ma vie ; j’avais « de la joie à mon réveil »…