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LXV


Les jeudis de Limoise, à la rage du soleil, quand tout dormait accablé dans la campagne silencieuse, j’avais pris l’habitude de grimper sur le vieux mur d’enceinte, au fond du jardin, et d’y rester longtemps, à califourchon, immobile à la même place, les touffes de lierre me montant jusqu’aux épaules, toutes les mouches et toutes les sauterelles bruissant autour de moi. Comme du haut d’un observatoire, je contemplais la campagne chaude et morne, les bruyères, les bois, et les légers voiles blancs du mirage, que l’extrême chaleur agitait sans cesse d’un petit mouvement tremblant de surface de lac. Ces horizons de la Limoise conservaient encore pour moi l’espèce de mystère d’inconnu que je leur avais prêté pendant les premiers étés de ma vie. La région