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LE ROMAN D’UN ENFANT

à cause de la lourde chaleur du dehors, on entendait, à la cantonade, mon grand cousin qui chantait, d’une voix atténuée en fausset plaintif de montagnard. Il se faisait quelquefois cette voix-là, qui me causait maintenant une mélancolie étrange dans le silence des derniers midis de septembre. Et c’était toujours pour recommencer la même vieille chanson : « Ah ! ah ! la bonne histoire… » qu’il laissait aussitôt mourir sans l’achever jamais. À partir de ce moment donc, le domaine de Bories, le papillon aurore, et le petit refrain mélancolique de la « bonne histoire » furent inséparablement liés dans mon souvenir…

Vraiment, je crains de parler trop souvent de ces associations incohérentes d’images qui m’étaient jadis si habituelles ; c’est la dernière fois, je n’y reviendrai plus. Mais on verra combien il était important, pour ce qui va suivre, de noter encore cette association-là.