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LE ROMAN D’UN ENFANT

ciliait tout. C’étaient bien les lointains voyages, la vie aventureuse et sans cesse risquée, — mais au service du Seigneur et de sa sainte cause. Cela mettait pour un temps ma conscience en repos.

Ayant imaginé cette solution-là, j’évitais d’y arrêter mon esprit, de peur d’y découvrir encore quelque épouvante. Du reste, l’eau glacée des sermons banals, des redites, du patois religieux, continuait de tomber sur ma foi première. Et par ailleurs, ma crainte ennuyée de la vie et de l’avenir s’augmentait toujours ; en travers de ma route noire, le voile de plomb demeurait baissé, impossible à soulever avec ses grands plis lourds.