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4 NOCTURNE

espaces, les myriades de feux, les scintille- ments éternels.

Deux heures du matin, le cœur de la nuit, de la nuit d'hiver. L'étoile du Berger, reine des instants plus mystérieux qui précèdent le jour, brille dans l'Est de tout son éclat blanc.

La vie se tait partout, en un froid som- meil qui ressemble à la mort; même les bêtes de nuit ont fini de rôder et sont allées dormir. Dehors, personne. Les labou- reurs et les bergers, qui pourtant se lèvent avant l’aube, sont blottis pour des heures encore sous les toits des hameaux. Seuls! peut-être, par les chemins, circulant dans If grand silence, trouverait-on les hommes que tient éveillés l'amour ou le vagabondage, —1 ou encore, en ce pays-ci, la contrebande. Sur la route où je marche, la lumière palpitantsl des étoiles semble tomber en pluie de pho- sphore. Et cette route, sèche et durcie,