Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.

changeait, mais d’une façon rapide qui n’était pas bonne.

Et, de différents points de la mer, de différents côtés de l’étendue, arrivaient des navires pêcheurs : tous ceux de France qui rôdaient dans ces parages, des Bretons, des Normands, des Boulonnais ou des Dunkerquois. Comme des oiseaux qui rallient à un rappel, ils se rassemblaient à la suite de ce croiseur ; il en sortait même des coins vides de l’horizon, et leurs petites ailes grisâtres apparaissaient partout. Ils peuplaient tout à fait le pâle désert.

Plus de lente dérive, ils avaient tendu leurs voiles à la fraîche brise nouvelle et se donnaient de la vitesse pour s’approcher.

L’Islande, assez lointaine, était apparue aussi, avec un air de vouloir s’approcher comme eux ; elle montrait de plus en plus nettement ses grandes montagnes de pierres nues, — qui n’ont jamais été éclairées que par côté, par en dessous et comme à regret. Elle se continuait même par une autre Islande de couleur semblable qui s’accentuait peu à peu ; — mais qui était chimérique, celle-ci, et dont les montagnes plus gigantesques n’étaient