Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fleurs de mai. Une, qui connaissait Gaud, en lui disant bonsoir, leva bien haut vers elle au bout de son bras une gerbe d’aubépine comme pour la lui faire sentir ; on voyait encore un peu dans l’obscurité transparente ces légères touffes de fleurettes blanches. Il y avait du reste une autre odeur douce qui était montée des jardins et des cours, celle des chèvrefeuilles fleuris sur le granit des murs, — et aussi une vague senteur de goémon, venue du port. Les dernières chauves-souris glissaient dans l’air, d’un vol silencieux, comme les bêtes des rêves.

Gaud avait passé bien de soirées à cette fenêtre, regardant cette place mélancolique, songeant aux Islandais qui étaient partis, et toujours à ce même bal…

… Il faisait très chaud sur la fin de ces noces, et beaucoup de têtes de valseurs commençaient à tourner. Elle se le rappelait, lui, dansant avec d’autres, des filles ou des femmes dont il avait dû être plus ou moins l’amant ; elle se rappelait sa condescendance dédaigneuse pour répondre à leurs appels… Comme il était différent avec celles-là !…

Il était un charmant danseur, droit comme un