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d’ouest, qui s’était levée pendant la procession, avait semé par terre des rameaux de buis et jeté sur le ciel des tentures gris noir… Gaud, dans sa rêverie de souvenir, revoyait très bien tout cela : cette tombée triste de la nuit sur cette fin de pardon ; ces draps blancs piqués de fleurs qui se tordaient au vent le long des murailles ; ces groupes tapageurs d’« Islandais », gens de vent et de tempête, qui entraient en chantant dans les auberges, se garant contre la pluie prochaine ; surtout ce grand garçon, planté debout devant elle, détournant la tête, avec un air ennuyé et troublé de l’avoir rencontrée… Quel changement profond s’était fait en elle depuis cette époque !…

Et quelle différence entre le bruit de cette fin de fête et la tranquillité d’à présent ! Comme ce même Paimpol était silencieux et vide ce soir, pendant le long crépuscule tiède de mai qui la retenait à sa fenêtre, seule, songeuse et enamourée !…