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vestre et lui, marchant bras dessus bras dessous, les avaient croisés, son père et elle, et s’étaient arrêtés pour dire bonjour…

… Ce petit Sylvestre, il était tout de suite redevenu pour elle une espèce de frère. Comme des cousins qu’ils étaient, ils avaient continué de se tutoyer ; — il est vrai, elle avait hésité d’abord, devant ce grand garçon de dix-sept ans ayant déjà une barbe noire ; mais, comme ses bons yeux d’enfant si doux n’avaient guère changé, elle l’avait bientôt assez reconnu pour s’imaginer ne l’avoir jamais perdu de vue. Quand il venait à Paimpol, elle le retenait à dîner le soir ; c’était sans conséquence, et il mangeait de très bon appétit, étant un peu privé chez lui…

… À vrai dire, ce Yann n’avait pas été très galant pour elle, pendant cette première présentation, — au détour d’une petite rue grise toute jonchée de rameaux verts. Il s’était borné à lui ôter son chapeau, d’un geste presque timide bien que très noble ; puis l’ayant parcourue de son même regard rapide, il avait détourné les yeux d’un autre côté, paraissant être mécontent de cette rencontre et avoir hâte de passer son chemin. Une grande brise