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meilleurs. Elle se fit expliquer cela encore, ne sachant presque rien des choses d’Islande :

— Vois-tu, Gaud, dit-il, sur le plat-bord de nos navires, il y a des trous qui sont percés à certaines places et que nous appelons trous de mecques ; c’est pour y planter des petits supports à rouet dans lesquels nous passons nos lignes. Donc, avant de partir, nous jouons ces trous-là aux dés, ou bien avec des numéros brassés dans le bonnet du mousse. Chacun de nous gagne le sien et, pendant toute la campagne après, l’on n’a plus le droit de planter sa ligne ailleurs, l’on ne change plus. Eh bien, mon poste à moi se trouve sur l’arrière du bateau, qui est, comme tu dois savoir, l’endroit où l’on prend le plus de poissons ; et puis il touche aux grands haubans où l’on peut toujours attacher un bout de toile, un cirage, enfin un petit abri quelconque, pour la figure, contre toutes ces neiges ou ces grêles de là-bas ; — cela sert, tu comprends ; on n’a pas la peau si brûlée, pendant les mauvais grains noirs, et les yeux voient plus longtemps clair.

… Ils se parlaient bas, bas, comme par crainte d’effaroucher les instants qui leur restaient, de