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tait le cœur serré par cette musique d’épouvante, que personne n’avait commandée pour leur fête de noces.

Sur les minuit, pendant une accalmie, Yann, qui s’était levé doucement, fit signe à sa femme de venir lui parler.

C’était pour s’en aller chez eux… Elle rougit, prise d’une pudeur, confuse de s’être levée… Puis elle dit que ce serait impoli, s’en aller tout de suite, laisser les autres.

— Non, répondit Yann, c’est le père qui l’a permis ; nous pouvons.

Et il l’entraîna.

Ils se sauvèrent furtivement.

Dehors ils se trouvèrent dans le froid, dans le vent sinistre, dans la nuit profonde et tourmentée. Ils se mirent à courir, en se tenant par la main. Du haut de ce chemin de falaise, on devinait sans les voir les lointains de la mer furieuse, d’où montait tout ce bruit. Ils couraient tous deux, cinglés en plein visage, le corps penché en avant, contre les rafales, obligés quelquefois de se retourner, la main devant la bouche, pour reprendre leur respiration que ce vent avait coupée.