Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/285

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des chemins, ils étaient de la même couleur que la terre d’où ils semblaient n’être qu’incomplètement sortis, et où ils allaient rentrer bientôt sans avoir eu de pensées ; leurs yeux égarés inquiétaient comme le mystère de leurs existences avortées et inutiles. Ils regardaient passer, sans comprendre, cette fête de la vie pleine et superbe…

On continua de marcher au delà du hameau de Pors-Even et de la maison des Gaos. C’était pour se rendre, suivant l’usage traditionnel des mariés du pays de Ploubazlanec, à la chapelle de la Trinité, qui est comme au bout du monde breton.

Au pied de la dernière et extrême falaise, elle pose sur un seuil de roches basses, tout près des eaux, et semble déjà appartenir à la mer. Pour y descendre, on prend un sentier de chèvre parmi des blocs de granit. Et le cortège de noces se répandit sur la pente de ce cap isolé, au milieu des pierres, les paroles joyeuses ou galantes se perdant tout à fait dans le bruit du vent et des lames.

Impossible d’atteindre cette chapelle ; par ce gros temps, le passage n’était pas sûr, la mer venait trop près pour frapper ses grands coups.