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s’il était encore de ce monde, on n’aurait pas osé me faire ça, non, bien sûr !…

Il lui était sorti des espèces de larmes qui coulaient dans ses rides ; et ses mains, à grosses veines bleues, tremblaient.

Gaud l’avait recoiffée au milieu, tâchait de la consoler avec des paroles douces de petite fille. Et Yann s’indignait ; si c’était possible, que des enfants fussent si méchants ! Faire une chose pareille à une pauvre vieille femme ! Les larmes lui en venaient presque, à lui aussi. — Non point pour ce matou, il va sans dire : les jeunes hommes, rudes comme lui, s’ils aiment bien à jouer avec les bêtes, n’ont guère de sensiblerie pour elles ; mais son cœur se fendait, à marcher là derrière cette grand’mère en enfance, emportant son pauvre chat par la queue. Il pensait à Sylvestre, qui l’avait tant aimée ; au chagrin horrible qu’il aurait eu, si on lui avait prédit qu’elle finirait ainsi, en dérision et en misère.

Et Gaud s’excusait, comme étant chargée de sa tenue :

— C’est qu’elle sera tombée, pour être si sale, disait-elle tout bas ; sa robe n’est plus bien neuve,