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Effrayée, elle arriva en courant pour savoir ce que c’était, ce qu’elle avait eu, ce qu’on avait pu lui faire, — et comprit, voyant leur chat qu’on avait tué.

Elle leva ses yeux francs vers Yann, qui ne détourna pas les siens ; ils ne songeaient plus à se fuir cette fois ; devenus seulement très roses tous deux, lui aussi vite qu’elle, d’une même montée de sang à leurs joues, ils se regardaient, avec un peu d’effarement de se trouver si près ; mais sans haine, presque avec douceur, réunis qu’ils étaient dans une commune pensée de pitié et de protection.

Il y avait longtemps que les enfants de l’école lui en voulaient, à ce pauvre matou défunt, parce qu’il avait la figure noire, un air de diable ; mais c’était un très bon chat, et, quand on le regardait de près, on lui trouvait au contraire la mine tranquille et câline. Ils l’avaient tué avec des cailloux et son œil pendait. La pauvre vieille, en marmottant toujours des menaces, s’en allait tout émue, toute branlante, emportant par la queue, comme un lapin, ce chat mort.

— Ah ! mon pauvre garçon, mon pauvre garçon…