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sur cette même chaise, en fausses manches noires, grattant son papier.

Avec un air d’importance, quand elle lui eut dit son nom, il se leva pour prendre, dans un casier, des pièces timbrées.

Il y en avait beaucoup… qu’est-ce que cela voulait dire ? Des certificats, des papiers portant des cachets, un livret de marin jauni par la mer, tout cela ayant comme une odeur de mort…

Il les étalait devant la pauvre vieille, qui commençait à trembler et à voir trouble. C’est qu’elle avait reconnu deux de ces lettres que Gaud écrivait pour elle à son petit-fils, et qui étaient revenues là, non décachetées… Et ça c’était passé ainsi vingt ans auparavant, pour la mort de son fils Pierre : les lettres étaient revenues de la Chine chez M. le commissaire, qui les lui avait remises…

Il lisait maintenant d’une voix doctorale : « Moan, Jean-Marie-Sylvestre, inscrit à Paimpol, folio 213, numéro matricule 2091, décédé à bord du Bien-Hoa le 14… »

— Quoi ?… Qu’est-ce qui lui est arrivé, mon bon monsieur ?…

— Décédé !… Il est décédé, reprit-il.