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quait ses larges épaules à la muraille, comme pour être moins près d’elle dans ce couloir étroit où il se voyait pris.

Glacée, alors, elle ne retrouvait plus rien de ce qu’elle avait préparé pour lui dire : elle n’avait pas prévu qu’il pourrait lui faire cet affront-là, de passer sans l’avoir écoutée…

— Est-ce que notre maison vous fait peur, monsieur Yann ? demanda-t-elle d’un ton sec et bizarre, qui n’était pas celui qu’elle voulait avoir.

Lui, détournait les yeux, regardant dehors. Ses joues étaient devenues très rouges, une montée de sang lui brûlait le visage, et ses narines mobiles se dilataient à chaque respiration suivant les mouvements de sa poitrine, comme celles des taureaux.

Elle essaya de continuer :

— Le soir du bal où nous étions ensemble, vous m’aviez dit au revoir comme on ne le dit pas à une indifférente… Monsieur Yann, vous êtes sans mémoire donc… Que vous ai-je fait ?…

… Le mauvais vent d’ouest qui s’engouffrait là, venant de la rue, agitait les cheveux d´Yann, les ailes de la coiffe de Gaud, et, derrière eux, fit furieusement battre une porte. On était mal dans ce cor-