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fils n’était pas indifférent à cette belle héritière ; car il mettait un peu d’insistance à toujours reparler de lui :

— C’est bien étonnant, disait-il, il n’est jamais si tard dehors. Il est allé à Loguivy, mademoiselle Gaud, acheter des casiers pour prendre les homards ; comme vous savez, c’est notre grande pêche de l’hiver.

Elle, distraite, prolongeait sa visite, ayant cependant conscience que c’était trop, et sentant un serrement de cœur lui venir à l’idée qu’elle ne le verrait pas.

— Un homme sage comme lui, qu’est-ce qu’il peut bien faire ? Au cabaret, il n’y est pas, bien sûr ; nous n’avons pas cela à craindre avec notre fils. — Je ne dis pas, une fois de temps en temps, le dimanche, avec des camarades… Vous savez, mademoiselle Gaud, les marins… Eh ! mon Dieu, quand on est jeune homme, n’est-ce pas, pourquoi s’en priver tout à fait ?… Mais la chose est bien rare avec lui, c’est un homme sage, nous pouvons le dire.

Cependant la nuit venait ; on avait replié les cirages commencés, suspendu le travail. Les petits