Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à Loguivy ; mais je pense qu’il ne sera pas tard dehors.

Il n’était pas là, lui ! Encore ce mauvais sort qui l’éloignait d’elle partout et toujours. Remettre sa visite à une autre fois, elle y pensa bien. Mais cette petite qui l’avait vue en route, qui pourrait parler… Que penserait-on de cela à Pors-Even ? Alors elle décida de poursuivre, en musant le plus possible, afin de lui donner le temps de rentrer.

À mesure qu’elle approchait de ce village d’Yann, de cette pointe perdue, les choses devenaient toujours plus rudes et plus désolées. Ce grand air de mer qui faisait les hommes plus forts, faisait aussi les plantes plus basses, courtes, trapues, aplaties sur le sol dur. Dans le sentier, il y avait des goémons qui traînaient par terre, feuillages d’ailleurs, indiquant qu’un autre monde était voisin. Ils répandaient dans l’air leur odeur saline.

Gaud rencontrait quelquefois des passants, gens de mer, qu’on voyait à longue distance dans ce pays nu, se dessinant, comme agrandis, sur la ligne haute et lointaine des eaux. Pilotes ou pêcheurs, ils avaient toujours l’air de guetter au loin, de veiller sur le large ; en la croisant, ils lui disaient