Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.
165
MADAME CHRYSANTHÈME

en pleine lumière des lampes suspendues. — Presque pas de fleurs dans ces bouquets ; des feuillages seulement, — les uns frêles et rares, introuvables, — les autres choisis comme à dessein parmi les plus communs, mais arrangés avec un art qui en fait quelque chose de nouveau et de distingué : de vulgaires feuilles de salade, de grands choux montés, prenant des poses artificielles exquises, dans des urnes merveilleuses. Tous les vases sont en bronze, mais le dessin en est varié à l’infini, avec la fantaisie la plus changeante ; on en voit de compliqués et de tourmentés ; d’autres, en plus grand nombre, qui sont sveltes et simples, — mais d’une simplicité si cherchée que, pour nos yeux, c’est comme une révélation d’inconnu, comme un renversement de toutes les notions acquises sur la forme…


À un tournant de rue, nous faisons la plus heureuse des rencontres : nos camarades mariés de la Triomphante, et les Jonquille, et les Touki-San, et les Campanule I — Saluts, révérences entre mousmés ; manifestations réciproques de la joie de se revoir ; puis, formant une bande compacte et