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MADAME CHRYSANTHÈME

venu exprès, troupe méprisable, il n’y a pas trois semaines !

Alors je prends moi-même le registre de l’état civil : en feuilletant, je retrouve la page, ma signature et, à côté, le petit grimoire qu’a dessiné Chrysanthème :

— Tiens, assemblée d’imbéciles, regarde !

Survient un très haut chef — petit vieux grotesque en redingote noire — qui de son bureau écoutait la scène :

— Qu’est-ce qu’il y a ? que se passe-t-il ? quelle avanie a-t-on faite aux officiers français ?

Je conte plus poliment mon cas à ce personnage qui se confond en promesses et en excuses. Tous les petits agents se prosternent à quatre pattes, rentrent sous terre, et nous sortons, dignes et froids, sans rendre les saluts.

M. Sucre et madame Prune peuvent être tranquilles, on ne les inquiétera plus.