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On voyait des entrées de rues centenaires, qui descendaient se perdre dans des profondeurs noires. La lune éclairait avec une pâleur sereine des groupes de constructions mauresques, restées, malgré leur grand âge, d’une blancheur mystérieuse, et qui semblaient des habitations enchantées. Au loin s’étendait la mer gris-perle, avec des feux de navires.

Toutes les exhalaisons humaines étaient tombées, avec les odeurs d’épices, de maisons à boire et de prostituées. Il n’y avait plus que le parfum suave des orangers, avec je ne sais quelle autre senteur fraîche et saine, qui montait de la campagne comme un rajeunissement.

L’air avait ce calme tiède et cette transparence des nuits de l’Algérie ; un souffle de vent, qui se soulevait à intervalles réguliers comme la respiration des choses, faisait remuer derrière eux les feuillages du bois.