Page:Loti - Les Trois Dames de la Kasbah, 1884.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à grands yeux noirs ; et le soleil les inondait de rayons couleur d’or, et, à présent, nobles, cambrés, ils étaient beaux comme des dieux.

On voyait maintenant là-haut la Kasbah, qui tout à l’heure semblait transparente, se détacher sur le violet cendré du ciel en blancheurs opaques marquées çà et là de nuances rousses. Les teintes des objets les plus éloignés étaient devenues si nettes, qu’il n’y avait plus de perspective ; tout semblait près, et la ville mauresque avait l’air d’une masse de constructions superposées se tenant tout debout dans l’air. Il n’y avait que le ciel gris-perle, qui gardait, derrière toutes ces choses humaines, une transparence et une profondeur infinies…

Les navires avaient largué leurs voiles blanches, pour sécher au soleil l’humidité de la nuit. Il était sept heures, et le canot du bâtiment de guerre auquel les six matelots appartenaient arrivait bon train pour