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VERS PÉKIN.

Le soleil est déjà très bas, et, comme chaque soir, le vent augmente ; on frissonne d’un froid soudain. Les maisons vides s’emplissent d’ombre.

Elles sont tout en profondeur, ces maisons d’ici, avec des recoins, des séries de cours, des petits bassins à rocailles, des jardinets mélancoliques. Quand on a franchi le seuil, que gardent les toujours pareils monstres en granit, usés par le frottement des mains, on s’engage dans des détours qui n’en finissent plus. Et les détails intimes de la vie chinoise se révèlent touchants et gentils, dans l’arrangement des pots de fleurs, des plates-bandes, des petites galeries où courent des liserons et des vignes.

Là, traînent des jouets, une pauvre poupée, appartenant sans doute à quelque enfant dont on aura fracassé la tête. Là, une cage est restée suspendue ; même l’oiseau y est encore, pattes en l’air et desséché dans un coin.

Tout est saccagé, arraché, déchiré ; les meubles, éventrés ; le contenu des tiroirs, les