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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

voyage par le fleuve, je dois me procurer, à l’artillerie, pour demain matin, une charrette et des chevaux de selle.

Devant un quartier qui semble nous appartenir, quand je mets pied à terre, sur des détritus et des immondices sans nom, je demande à des zouaves qui sont là le chemin du « gîte d’étape », et tout de suite, empressés et gentils, ils m’offrent d’y venir avec moi.

Nous nous dirigeons donc ensemble vers une grande porte, percée dans l’épaisseur des murs noirs.

À cette entrée de ville, on a établi, avec des cordes et des planches, un parc à bétail, pour la nourriture des soldats. Parmi quelques maigres bœufs encore vivants, il y en a trois ou quatre par terre, morts de la peste bovine, et une corvée de Chinois vient en ce moment les tirer par la queue, pour les entraîner dans le fleuve, au rendez-vous général des carcasses.

Et nous pénétrons dans une rue où des soldats de chez nous s’emploient à divers travaux d’arrangement, au milieu de débris amoncelés.