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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

entend sans les entendre, ils ne réveillent plus.

Mercredi 17 octobre.

Lever à l’aube, pour aller courir sur la berge, dans la gelée blanche, aux premières lueurs roses, et bientôt au beau soleil clair.

Ayant voulu prendre un raccourci, à travers les éternels champs de sorghos, pour rejoindre plus loin la jonque obligée de suivre un long détour du fleuve, nous traversons au soleil levant les ruines d’un hameau où gisent d’affreux cadavres tordus ; sur leurs membres noircis, la glace déposée en petits cristaux brille comme une couche de sel.

Après le dîner de midi, quand nous sortons du sarcophage demi-obscur, nos Chinois nous indiquent de la main l’horizon. Tong-Tchéou, la « Ville de la Pureté céleste », est là-bas, qui commence d’apparaître : grandes murailles noires, surmontées de miradors ; tour étonnamment haute et frêle, de silhouette très chinoise, à vingt toitures superposées.