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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

avant des Chinois mornes qui, penchés sur la cordelle, traînent toujours notre maison flottante, en gardant leur régularité de machine.

Il y a quelques arbres maintenant sur les rives, des saules aux feuilles puissamment vertes, d’une variété inconnue chez nous ; l’automne semble ne les avoir pas effleurés, et leur belle couleur tranche sur la nuance rouillée des herbages et des sorghos mourants. Il y a des jardins aussi, jardins à l’abandon autour des hameaux incendiés ; nos Chinois y détachent chaque fois quelqu’un des leurs, en maraude, qui rapporte dans la jonque des brassées de légumes pour les repas.

Osman et Renaud, en passant dans les maisons en ruine, ramassent aussi quelques objets qu’ils jugent nécessaires à l’embellissement de notre logis : un petit miroir, des escabeaux sculptés, des lanternes, même des piquets de fleurs artificielles en papier de riz, qui ont dû orner la coiffure de dames chinoises massacrées ou en fuite, et dont ils décorent naïvement les parois de la chambre. L’intérieur de notre sar-