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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

ne cingle pas trop fort. Le plus souvent, je préfère aller marcher sur la berge, faire des kilomètres en compagnie de nos haleurs, qui vont toujours leur pas de bête de somme, courbés vers le sol et la cordelle passée à l’épaule. Osman et Renaud me suivent, l’œil au guet, et, dans ce vent de Nord qui souffle toujours, nous marchons, sur la piste de terre grise, resserrés entre la bordure ininterrompue des sorghos et le fleuve, — obligés parfois à un brusque écart, pour quelque cadavre sournois qui nous guette, la jambe tendue en travers du chemin.

Les événements de la journée sont des rencontres de jonques qui descendent le fleuve et croisent la nôtre. Elles s’en vont en longues files, amarrées ensemble, portant le pavillon de quelqu’une des nations alliées, et ramenant des malades, des blessés, du butin de guerre.

Les plus nombreuses et les plus chargées de troupes valides, sont les russes, — car nos amis en ce moment évacuent leurs positions