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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

paysan du Calvados. Les voilà donc, mon serviteur Osman et lui, rivalisant de bon vouloir et de gaieté, d’ingénieuses et comiques petites inventions pour accommoder notre logis d’aventure, — l’un et l’autre, du reste, dans la joie d’aller à Pékin ; le voyage, malgré les ambiances lugubres, commence au bruit de leurs bons rires d’enfants. Et c’est en pleine lumière matinale, ce départ, au rayonnement d’un soleil trompeur, qui joue l’été quand la bise est glacée.

Les sept nations alliées ont établi des postes militaires, de distance en distance, le long du Peï-Ho, pour assurer leurs communications par la voie du fleuve, entre Pékin et le golfe du Petchili où leurs navires arrivent. Et, vers onze heures, j’arrête ma jonque devant un grand fort chinois sur lequel flotte le pavillon de France.

C’est un de nos « gîtes d’étape », occupé par des zouaves ; nous y descendons pour y toucher nos vivres de campagne : deux jours de pain, de vin, de conserves, de sucre et de thé.