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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

présent d’être là, comme d’une inconvenance que nous aurions commise.

L’idée nous vient alors de déposer des dollars en offrande sur le lit défait ; mais l’une des sœurs, toujours sans paraître nous voir, jette les pièces à terre et, d’un signe, invite la servante à en disposer pour elle-même… Allons, ce n’était de notre part qu’une maladresse de plus…

Il y a de tels abîmes d’incompréhension entre des officiers européens et des déesses de Boxers, que même notre pitié ne peut sous aucune forme leur être indiquée. Et, nous qui étions venus pour être amusés d’un spectacle curieux, nous repartons en silence, gardant, avec un serrement de cœur, l’image des deux pauvres anéanties, en prison dans la triste chambre où le soir tombe.

Ma jonque, équipée de cinq Chinois quelconques, remontera le fleuve sous pavillon fran-