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VERS PÉKIN.


Samedi 13 octobre.

J’ai choisi de voyager en jonque tant que le cours du Peï-Ho le permettra, la jonque étant un logis tout trouvé, dans ce pays où je dois m’attendre à ne rencontrer que des ruines et des cadavres.

Et cela nécessite quantité de petits préparatifs.

D’abord, la réquisitionner, cette jonque, et y faire approprier l’espèce de sarcophage où j’habiterai sous un toit de natte. Ensuite, dans les magasins de Tien-Tsin, tous plus ou moins pillés et démolis, acheter les choses nécessaires à quelques jours de vie nomade, depuis les couvertures jusqu’aux armes. Et enfin, chez les Pères lazaristes, embaucher un Chinois pour faire le thé, — le jeune Toum, quatorze ans, une figure de chat et une queue jusqu’à terre.

Dîné chez le général Frey — qui, à la tête du petit détachement de France, entra le premier, comme chacun sait, au cœur de Pékin, dans la « Ville impériale ».