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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

sont là, débarquant des troupes, des chevaux, des canons. Dans les rues, où des équipes de Chinois transportent du matériel de combat en charges énormes, on croise des soldats de toutes les nations d’Europe, des officiers de toute arme et de tout plumage, à cheval, en pousse-pousse ou à pied. Et c’est, à la course, un perpétuel salut militaire.

Où aller faire tête ? Vraiment on n’en sait rien, malgré le désir que l’on a d’un gîte, par ce vent glacé, par cette poussière. Et cependant nos coureurs chinois vont toujours, devant eux, comme des bêtes emballées…

Frappé à la porte de deux ou trois hôtels qui se réinstallent dans des ruines, dans des fouillis de meubles brisés. — Tout est plein, archiplein ; à prix d’or, on ne trouverait pas une soupente avec un matelas.

Et il faut, bon gré mal gré, mendier la table et le logis à des officiers inconnus — qui nous donnent d’ailleurs la plus amicale hospitalité, dans des maisons où les trous d’obus ont été bouchés à la hâte et où le vent n’entre plus.