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VERS PÉKIN.

sur le pont, serrés à tout touche, avec de bonnes figures gaies et des yeux grands ouverts — pour voir enfin cette Chine qui les préoccupe depuis des semaines et qui est là tout près, derrière l’horizon…

Suivant le cérémonial d’usage, le Bengali en appareillant doit passer à poupe du Redoutable, pour le salut à l’amiral. La musique l’attend, à l’arrière du cuirassé, prête à lui jouer quelqu’un de ces airs de marche dont les soldats se grisent. Et, quand nous passons près du gros vaisseau, presque dans son ombre, tous les zouaves — ceux qui reviendront et ceux qui doivent mourir — tous, pendant que leurs clairons sonnent aux champs, agitent leurs bonnets rouges, avec des hourras, pour ce navire qui représente ici la France à leurs yeux et pour cet amiral qui, du haut de sa galerie, lève sa casquette en leur honneur.

Au bout d’une demi-heure environ, la Chine apparaît.

Et jamais rivage d’une laideur plus féroce n’a surpris et glacé de pauvres soldats nou-