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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

forte au Gouvernement de notre pays, dans une des crises les plus graves qu’il ait jamais traversées. »

Petit silence de stupeur, et les coupes se vident.

L’esplanade, pendant le banquet, s’est considérablement peuplée d’uniformes et de dorures : quelques centaines d’officiers de tout pelage, de toute couleur conviés à la soirée. Et les toasts ayant pris fin sur cette réplique chinoise, je vais m’accouder au rebord des terrasses pour voir arriver, de haut et de loin, notre retraite aux flambeaux.

En sortant de dessous ce vélum et ces ramures de cèdres, toutes choses un peu emprisonnantes qui masquaient la vue, c’est une surprise et un enchantement, ces bords du lac impérial, ce grand paysage de mélancolie et de silence, — en temps ordinaire, lieu de ténèbres s’il en fut jamais, dès la tombée des nuits, bien inquiétant et noir, sur lequel semblait planer un éternel deuil, — et qui vient de s’éclairer, cette fois, comme pour quelque fantastique apothéose.