Page:Loti - Les Derniers Jours de Pékin, 1901.djvu/465

Cette page a été validée par deux contributeurs.
450
LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

Ils assisteront à notre fête, les princes de la Chine, amenés dans des palanquins de gala, avec escorte de cavalerie, et ils font leur entrée, le visage fermé et le regard en dedans, suivis d’un flot de serviteurs vêtus de soie. Ç’a été dur de les avoir, ceux-là ! Mais le colonel Marchand, autorisé par notre général, s’était fait un point d’honneur de les décider. Au milieu de nos uniformes d’occident se multiplient les robes mandarines et les chapeaux pointus à bouton de corail. Et leur présence à ce festin des barbares, en pleine « Ville impériale » profanée, restera l’une des plus singulières incohérences de nos temps.

Une tablée comme on n’en avait jamais vu, les pieds sur des tapis impériaux qui semblent d’épais velours jaunes. Les obligatoires gerbes de fleurs, arrangées dans des cloisonnés géants, sans âge et sans prix, qui sont sortis pour un soir des réserves de l’Impératrice. À la place d’honneur, le maréchal de Waldersee à côté de la femme de notre ministre de France ; ensuite, deux évêques en robe violette ; des généraux