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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

Samedi 4 mai.

C’est ce soir, décidément, la fête donnée par notre général aux états-majors des alliés.

D’abord, en attendant la nuit, une fête entre Français : l’inauguration d’un boulevard dans notre quartier, dans notre secteur ; du Pont de Marbre à la Porte Jaune, un long boulevard dont la confection a été confiée au colonel Marchand et qui portera le nom de notre général. Pékin, depuis l’époque lointaine et pompeuse où fut tracé son réseau d’avenues pavées, n’avait jamais revu chose pareille : une voie libre, unie, sans précipices ni ornières, où les voitures peuvent courir grand train entre deux rangs de jeunes arbres.

Il y a foule pour assister à cette inauguration. Des deux côtés de la chaussée neuve, sablée de frais et encore vide, qui est d’un bout à l’autre barrée par des piquets et des cordes, — des deux côtés, il y a tous nos soldats, quelques soldats allemands aussi, car ils voisinent beaucoup avec les nôtres, et puis les Chinois et les