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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

tiences et ces adresses chinoises qui nous confondent, des myriades de petits bonshommes, ou de monstres, ou d’oiseaux, parmi des fleurs, ou sous des arbres dont on compterait les feuilles. Les dorures de tous ces minutieux sujets, atténuées par places, sont le plus souvent restées étincelantes, grâce à ce climat presque sans pluie.

Et en haut, sur les couronnements, sur les corniches festonnées, c’est toujours le domaine des chimères d’or, qui tirent la langue, qui ricanent, qui louchent, qui ont l’air prêtes à s’élancer vers le ciel, ou à descendre pour déchirer les passants.

L’été dernier, dans les grands incendies Boxers, elles flambaient chaque jour par centaines, ces étonnantes façades, qui représentaient une somme incalculable de travail humain, et qui faisaient de Pékin une vieille chinoiserie tout en or, un si extraordinaire musée de bois sculptés, que les hommes d’aujourd’hui n’auront plus jamais le temps d’en reconstituer un pareil.